Festival Livre & Mer 2021

Éditorial d'Hugo Verlomme, président d'honneur


L’heure du retour à la mer est venue

Hugo Verlomme, Président d'honneur du Festival Livre & Mer 2021 © Vitor Estrelinha
Hugo Verlomme, Président d'honneur du Festival Livre & Mer 2021 © Vitor Estrelinha

Trop longtemps, nous avons vécu au bord de l’océan comme s’il n’était qu’un vide vertigineux, le bord du monde, en prenant soin de ne pas se mouiller, ni de tomber dedans. Il était là sans être là, grand absent des débats religieux ou philosophiques, lui qui incarne pourtant les deux tiers de la planète ! Nous sommes décidément d’étranges créatures. Nous admettons que la vie est née de l’eau et que nous sommes issus de l’océan, mais nous ne voyons en lui qu’une vaste étendue liquide avec des poissons, un vulgaire vivier dans lequel nous piochons allègrement.

 

Or, voilà que la grande roue tourne et que nos yeux s’ouvrent enfin, en même temps que nos consciences. Le constat est simple : nous vivons sur une planète bleue, faite d’eau, cet ingrédient magique dont toute vie dépend. Nous savons que l’océan est le vrai moteur de notre monde, qu’il régit le climat, l’oxygène, la chaîne du vivant. Il est sans doute la plus grande urgence d’aujourd’hui, ne serait-ce que par sa prédominance et le fait qu’il abrite une biodiversité mille fois plus vaste que celle du monde terrestre. Ces simples constats, globalement acceptés, devraient nous amener à protéger l’océan sans perdre une seule seconde. Le sort entier de la planète en dépend. Maintenant. Chaque goutte compte.

 

L’heure du retour à la mer est venue. L’amour de l’océan est une force qu’il ne faut pas sous-estimer. Lui seul est capable de fédérer les peuples et de transcender les croyances. Le mouvement s’amplifie et en quelques générations, nous avons vu apparaître une armée pacifique de passionnés qui vouent leur existence à la mer, comme autant de guérisseurs. Au-delà du geste réparateur et de la résilience qu’elle engendre, cet échange avec l’entité océane est une forme de spiritualité. C’est pourquoi on ne dit plus « les océans », mais simplement « l’océan ». Le seul, l’unique, le plus grand de tous. Celui qui nous réunit sans distinction et qui nous réapprend à aimer.

Hugo Verlomme, 12 juillet 2020

Président d’honneur du Festival Livre & Mer 2021