Membres d'un corps constitué par l'État en 1830, les Peintres officiels de la Marine sont des artistes à part : qu'ils soient peintres, graveurs, aquarellistes, sculpteurs ou photographes, ils ont rôle de témoins. Leur titre leur permet, outre d'orner leur signature d'une ancre, de pouvoir embarquer à bord des bâtiments ou d'être envoyé en mission dans les ports de guerre. Les Salons de la Marine auxquels ils sont tenus de participer tous les deux ans exposent ainsi une part de leurs reportages. Il est courant que les opérations navales aient leur artiste officiel ; citons pour mémoire Callot au siège de La Rochelle, Duché de Vancy et les Prévost à l'expédition Lapérouse, Delacroix sur la Perle en mission au Maroc... Nombres de figures illustres ont ainsi fait les grandes heures de cette institution : parmi eux Paul Signac, Marin Marie, Roger Chapelet, Albert Brenet ou Henri Plisson. Entrer au sein de ce corps privilégié couronne, au-delà de la maîtrise d'un art, une attirance certaine pour le paysage marin. Ainsi intégrés dans la Marine, les peintres titulaires prennent rang de Capitaine de Corvette, tandis que les peintres agréés sont assimilés à celui de Lieutenant de Vaisseau. Leurs travaux sont à part entière Patrimoine de la Marine.
L'ancre marine suit la signature des Peintres officiels de la Marine, par tradition autant que par privilège. "Une ancre située à l'arrière d'une signature indique la qualité singulière de Peintre de la Marine ; elle témoigne du don qui habite certains artistes, il leur permet de maintenir un navire dans ses lignes d'eau, de gonfler les voiles, de fouetter les embruns, de friser les vagues, d'ourler les sillages, de faire flamber les reflets." Amiral Michel Tripier
Contre-amiral et ancien président de l'Académie de Marine, il est membre de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer. Sociétaire et président de la Société Nationale des Beaux-Arts, François Bellec a poursuivi simultanément une activité atypique d'officier de Marine et de peintre sur toutes les mers, avant de se fixer à Paris en 1979 pour y entreprendre une nouvelle carrière de conservateur, comme directeur du Musée de la Marine de 1980 à 1997. Il a écrit beaucoup de livres et d'articles sur l'histoire de la navigation, des découvertes et de la peinture d'inspiration maritime, et il a été invité à faire de nombreuses conférences en France et dans le monde.
Tout jeune, à l'âge de 7 ans, Michel Bellion est déjà attiré par le dessin. Il commence à comprendre la mer... À 18 ans, il entre aux Beaux-arts de Brest puis pour entre à l'École Nationale Supérieure des Métiers d'Art. De 1994 à 2003, Michel Bellion présente ses toiles au Salon de la Marine et reçoit lettre de félicitations et une Médaille d'Argent. En juillet-août 2003, il embarque comme peintre avec Olivier de Kersauson et illustre un livre sur la Bretagne vue de la mer. De 1993 à 2002, il embarque sur cinq frégates de la Marine et avec son carnet de voyage parcourt le monde de la Norvège aux Îles Kerguelen, de l'Australie au Canada. Il expose ses oeuvres à Belle-Île-en-Mer.
Il va à l'essentiel, sa peinture aussi et elle est diablement éloquente. Bleu lagon de la mer aux Glénan, jaune d'or des champs de blé, rouge insolent des coquelicots, de la nature, il capte la palette toujours dans l'éclat de la lumiere. Soleil à travers un vitrail, gris de la mer qui se retire en Baie d'Audierne, transparence de lampes au musée des phares et balises d'Ouessant, carrière rose cachou de granit à Perros-Guirec. Dans un renouvellement constant de sujets, Patrick Camus passe du paysage à la nature morte, d'un vitrail à une bannière, travaille sur le mouvement ou la danse... La peinture de Patrick Camus s'impose au regard comme un drapeau qui claque au vent.
Étudiant à l'École des beaux arts de Tours, section sculpture, Jacques Coquillay reçoit le diplôme national de sculpture en 1958. Il étudie à l'École des beauxarts de Paris dans l'atelier de Marcel Gimond et obtient le diplôme supérieur d'art Plastique en 1960 (mention bien). À la mort de Gimond, il entre dans l'atelier d'Hubert Yencesse et Raymond Corbin. Lors du jury du prix de Rome, il rencontre Jean Carton, Raymond Martin et Georges Hilbert avec lesquels il se lie d'amitié. Il constitue un groupe de jeunes Sculpteurs, aidé par Belmondo, et réalise plusieurs expositions de groupe. En 1976 il fait la connaissance de Dunoyer de Segonzac qui l'encourage et lui achète ses premiers bronzes. Aujourd'hui, lorsqu'il quitte la glaise et le bronze, le sculpteur s'exprime par le biais du pastel. Il s'expose à Paris, dans la Galerie Artfrance.
Élève de Philippe Lejeune, il travaille depuis son plus jeune âge avec sa mère, le peintre Nicole Lacombe. Respectueux de la tradition picturale, il travaille d'une manière inventive et originale. Toujours sur le motif, il travaille sans dessin préliminaire à base de larges bandes de couleurs. Son oeil traduit en des formes amples ce qu'il perçoit. Les objets prennent un singulier relief. Artiste non assujetti, sa peinture s'oriente vers des sujets qui n'ont rien de commun avec ce qu'a légué la tradition. Les hangars délaissés, les garages huileux, les mécaniques oubliées qu'elle illustre témoignent d'une fascination pour les rebuts du monde moderne. Figé, le monde de Christoff Debusschere est plongé dans le silence. La palette, déclinée en gris, offre une riche gamme de tons soigneusement recherchés. Hostile aux détails, Christoff Debusschere poursuit des réflexions qui apparentent sa démarche à l'abstraction.
Inscrit à l'Atelier Fernand Cormon à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Lucien-Victor Delpy voyage et peint tout au long de sa vie : la peinture sera sa vraie passion, son seul métier. Le Salon des Artistes Français de 1922 ouvre les portes à son tableau Fay-Les-Nemours. Il s'installe comme artiste-peintre tout en continuant ses études aux Beaux-arts. C'est en 1925 qu'il découvre la Bretagne. Il est séduit par Concarneau. Il en peint des marines, exposées en 1926 au Salon des Artistes Français. L'année suivante, élève de Charles Fouqueray, il expose au 1er Salon de la Marine à Paris, une huile du Quai du Port à Martigues. Jeune peintre, membre de la Société Nationale des Beaux-Arts de la Mer, son talent est alors remarqué. Nombre de prix jalonnent encore son parcours : médaille d'Argent et Prix Paul Liot au Salon des Artistes Français avec Le Port de Concarneau ; Prix Raigecourt-Goyon en 1933. Envoyé en mission avec la 1ère Armée Française du Rhin au Danube, il devient Peintre aux Armées en mai 1945. Sa carrière de Peintre de Marine est couronnée par la Légion d'Honneur en 1954. Installé à Lorient depuis plusieurs années, il disparaît en 1967.
Michel Jouenne fait partie de cette pépinière de talents issus de la Jeune Peinture des Années Cinquante. Il s'est placé sur le terreau de l'Art Figuratif. Toutes ses expositions témoignent d'une création qui ne vieillit pas. Il reste attaché aux murailles grises, aux havres de silence des rochers d'Eygalières, des Baux, de Moustiers... Il choisit les matières, opaques et translucides à la fois, les grands plans aquarellés et truellés, les chatoiements lumineux, onctueux, porcelainés. Dans chaque toile, c'est l'allégresse de sa création des paysages ou des marines : paysages silencieux opposés aux rugissements des flots. Hervé Bazin a dit de Jouenne qu'il "fait preuve d'une santé réjouissante. C'est un homme heureux d'exalter ce que nous avons laissé d'intact dans le paysage.
À une recherche sur la forme traduite par un graphisme aux équilibres subtiles, sa peinture s'adjoint une "palette d'aquarelliste" toute en transparence. Artiste aux multiples talents, Michel King est peintre, graveur, illustrateur. Parmi les récompenses et les prix qu'il a obtenu, citons : le Grand prix de la ville d'Asnière 1962, le Grand prix des jeunes et de la Nationale des Beaux-Arts, le Prix du Conseil Général des Yvelines 1967, le Grand prix du Salon de Rouen 1984. Il est mentionné au Bénézit, Président du Salon du Dessin et de la Peinture à l'eau. Il expose également aux Salons de la Marine et Comparaison. Il participe aux Salons de l'Orangerie de Versailles, de Rouen, d'Angers, de Toulouse... Ses expositions personnelles sont nombreuses depuis la première en 1960, tant à Paris qu'en province et à l'étranger. Certaines de ses oeuvres sont devenues des pièces de musées (musées d'Art Moderne de la ville de Paris, de la Marine, de l'Ile de France, des Baux de Provence...).
Jean-Pierre Le Bras est attaché à sa côte et la campagne toute proche, qu'il aime à peindre. Il observe et traduit, en témoin, loin des modes. Depuis sa prime jeunesse, sur les rivages de Pleumeur-Bodou, de l'Ile-Grande, de Trégastel, il connaît criques et grèves, sables blonds et rochers, plages et ports. Son pinceau s'anime, la touche large, assurée, jonglant avec les ocres, alliant le couteau qui sculpte la pâte. Carnet de croquis toujours à la main ou plantant son chevalet loin des foules, solitaire avec son sujet, il saisi l'instant et, de retour à l'atelier, lui donne un dernier éclat. Son style figuratif, paysagiste, voire naturaliste lui offre d'allier les gris lumineux aux étendues des sables, les verts profonds aux gammes bleues. L'atmosphère des rivages, l'ambiance des ports de pêche, le chant de la campagne et des fleurs défilent sur ses toiles. Jean-Pierre Le Bras a de la fougue et de la passion pour dire sa Bretagne, celle d'Armor ou d'Argoat, de Cornouaille ou du Léon.
Jean Lemonnier vit et travaille en Bretagne dans son atelier du Chat Noir, à La Gacilly. D'abord autodidacte, il fréquente ensuite l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Son talent s'exprime le mieux sur le thème animalier qu'il traite dans un style figuratif et expressionniste, témoignage de sa passion pour la beauté d'un monde sauvage menacé de disparition. À La Gacilly, il découvre de nouvelles matières : le schiste, les granites, les onyx plus exotiques, il assemble le fer de récupération, viennent ses premières réalisations en bronze. Jean Lemonnier se sert de matériaux multiples : la terre cuite, le fer de récupération, le bronze. Il pratique également la taille directe dans le bois et la pierre - marbre, schiste ou onyx. Récompensée par plusieurs prix et distinctions (1er Prix de Sculpture au Salon d'Aurillac en 1989, Médaille d'honneur au Salon des Artistes français en 2002), son œuvre est visible dans de nombreux salons et galeries ; ses sculptures monumentales sont implantées dans les entreprises et dans les lieux publics à l'image de son célèbre cormoran qui en impose sur la corniche de Concarneau...
Cet ancien officier de marine hennebontais est issu de l'École navale. Christian Le Corre a développé son geste artistique en parallèle de sa carrière. Fondateur de l'association Chal (Concevoir à Hennebont les arts librement), il participait à la sensibilisation des publics aux arts plastiques. Depuis quelques années, son oeuvre était composée essentiellement de gravures, pointes sèches, carborundums avec une prédilection pour l'eau forte. Il gravait les paysages rencontrés lors d'escales à travers le monde, n'oubliant pas sa région natale : la Bretagne. Le souci du détail et de la précision dans le dessin, les couleurs orange, jaune, ocre en contraste avec les ponts des bateaux gris de la Marine Nationale, et une technique parfaitement maîtrisée de la gravure. Cet artiste, disparu en 2006, laisse une riche production artistique à voir et à découvrir.
Jean Le Merdy compte parmi les figures les plus illustres du corps des Peintres officiels de la Marine de notre époque. Entré à l'école des Beaux-Arts de Rennes en 1946, il obtient deux ans plus tard le prix du Maire de la Ville de Rennes. En 1949, le jeune Concarnois intègre l'atelier du peintre de nu Jean Souverbie à l'École des Beaux-Arts de Paris. Il est remarqué à l'occasion du 20ème Salon des Peintres de Bretagne où il reçoit le Prix de la Ville de Quimper. Cette reconnaissance lui ouvre les portes de l'École des Beaux-Arts, qui lui propose d'y enseigner la sculpture. Nommé Chevalier des Arts et des Lettres en 1993, une rétrospective lui est consacrée en 1996 au Musée de la Marine à Paris. L'ancien conservateur, François Bellec, témoigne : "Jean Le Merdy est un abstrait figuratif, parce qu'il est avant tout un observateur scrupuleux. Ce qui semble au premier abord désarticulé, inventé, est pourtant rigoureusement en place. L'artiste qui analyse ainsi le paysage le plus banal, le désordre le plus confus, la mer la plus échevelée, pour en faire immédiatement la synthèse fulgurante, pour décrypter les lignes de force, les rapports harmoniques, la signification logique d'un désordre apparemment irrationnel".
Première femme peintre officiel de la Marine nommé en 1995, Christiane Rosset, sereinement, mais avec passion, a relevé avec panache le défi d'entrer dans le cercle masculin du corps des Peintres de la Marine. Ancienne étudiante de l'École du Louvre, elle travaille entre 1956 et 1959 à l'Atelier d'Art et de Décoration de Paris, puis en 1978-1980 à l'Académie de Port-Royal. Médaillée d'argent au salon de la Marine en 1993, elle est primée au salon Saint-Germain-les-Corbeils l'année suivante, puis reçoit en 1995 la médaille de bronze au Salon de la Marine, celle de vermeil par l'Académie Arts, Sciences et Lettres. En 1997, lui est remise la médaille d'argent catégorie Mérite et Dévouement français. Sa peinture immortalise vagues, nuages insolites, marées somnolentes, constructions maritimes. Son amour de la mer, son cheminement poétique se retrouve dans son inspiration créatrice aussi vagabonde qu'originale.
Élève aux Beaux-Arts, il a progressivement abandonné l'architecture pour l'aquarelle en plein air et la peinture. L'homme est un marin de longue date qui navigue sur ses propres bateaux dans le Finistère Nord. Il a une prédilection pour la mer forte, les rafales de vent, les étraves dans la houle, les brisants sur les côtes, les lumières fugitives dans un ciel chargé. Sa peinture puissante n'est pas sans rappeler celle de Gastons Sébire. Il aime à peindre sur le motif, boude l'atelier et est devenu maître dans l'art de saisir sur le vif des lumières et des mouvements. En digne successeur de Marin Marie, sa peinture est très imprégnée de ses courses en solitaire mais tous les sujets lui sont bons : avions, paysages, natures mortes...
Diplômé de l'École Supérieure des Arts Modernes de Paris, sa carrière débute en 1963 : il participe pour la première fois au Salon des Artistes français au Grand Palais de Paris. Il est l'invité de grands Salons : Comparaisons, Salon de l'Orangerie à Versailles, Salon du dessin et de la peinture à l'eau, Salon d'Angers, Salon Itinéraires, musée de Tahiti, musée de Canton, musée central de Tokyo... Après avoir assumé la présidence du salon Violet et du Salon des Artistes français, il en est élu président d'honneur. Ce peintre s'ouvre au monde depuis une dizaine d'années, il oeuvre pour le rayonnement de l'art français en qualité de conseiller de la Japan International Artists Society Tokyo, président d'honneur du Taiyo Bijustsu Kyokai-Japon mais également membre du conseil français des arts. Ses compositions de plus en plus élaborées, bien qu'elles montrent une tendance à l'abstraction ou une volonté à dépouiller le réel, ne se départissent pas d'une vive sensibilité.
Les biographies des artistes citent plusieurs extraits de l'ouvrage Les Peintres de la Marine en escale à Perros-Guirec signé Sylvie David-Rivérieulx en 2002.
Ancien élève des Beaux-Arts, décorateur, architecte naval, conservateur du Musée de la pêche de Concarneau pendant vingt ans, c'est aussi un peintre à l'importante production. Son but : raconter ce qu'il voit avec un maximum de réalisme, voire de perfectionnisme dans le souci du détail. Pour cela il n'hésite pas à avoir recours aux documents d'archives. Auteur de plusieurs affiches, il s'est fait connaître auprès des amateurs de marine par le biais de quelques expositions personnelles (à Sydney en 1963, Nouméa en 1969, Lorient en 1977...). Il participe au Salon de la Marine depuis 1952.
FESTIVAL LIVRE & MER • CONCARNEAU
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