Pour sa 35e édition, le Festival Livre & Mer ressuscite la fameuse Dictée maritime créée en 1994 par le Salon du Livre maritime de Concarneau… et réclamée depuis 2002 par de nombreux amateurs !
CRIÉE DE CONCARNEAU
Samedi 9 novembre à 15h
Gratuit • Places limitées
Texte élaboré par Véronique Maury & Pascale Talandier, relu par Henri Le Guen, Timbre d’or 2016. Partie technique approuvée par Didier Le Gloanec, bolincheur.
Quelle n’est pas ma surprise, ce jour-là, de retrouver, à la bibliothèque du centre-ville où je viens d’emprunter les B.D. pour lesquelles je m’étais trouvé une passion, Camille, perdu de vue depuis mon déménagement ! Mon ancien camarade de classe est accompagné de son père, un marin pêcheur jovial, dont les yeux bleu-vert illuminent un visage hâlé et buriné, le type même des vraies gens d’ici. Ayant compris que nous avons mille choses à nous dire, ce dernier m’invite à me joindre le soir-même à son équipage, sur son bolincheur, pour prolonger les délices inattendues de ces retrouvailles.
C’est ainsi que, tout excitée, je me présente à dix-huit heures au ponton, devant la Ville close, armée d’un sac contenant des bottes bleu marine, un ciré jaune et un bonnet en mi-laine, censés constituer l’équipement du parfait marin. Bien avisée, j’y ai ajouté une boîte hermétique renfermant quelques parts de quatre-quarts, qui seront les bienvenues en cas de petit creux. FIN JUNIORS
Quel bonheur que Camille ait voulu que son père conviât son ancienne voisine à cette nuit de pêche ! Après qu’il eut procédé aux contrôles d’usage : conteneur à glace embarqué, apparaux vérifiés par le mécanicien, ne restait plus à l’équipage qu’à choquer les bouts et larguer les amarres… Cap à l’ouest !
Installés sur le pont, à l’arrière, nous observons le vol des goélands, des cormorans et des guillemots, et remarquons des voiliers encalminés dans la baie, en attente d’un vent favorable pour atteindre l’archipel enchanté des Glénan à quelque neuf milles de là. Passé la balise du Cochon, nous rejoignons le père de Camille à la passerelle. Il surveille, grâce aux divers sonars, compas et autres sondeurs, la bathymétrie permettant de positionner le navire au plus près des bancs de clupéidés sans risquer d’endommager le filet en raclant le fond. À la faveur du soleil couchant les sardines remontent à la surface, c’est la grisaille espérée ! Le patron ralentit le bateau, le matelot de quart file la bouée, l’équipage se met en place. À bâbord, la senne (seine) est larguée, et en trois minutes le poisson est encerclé. Tous les marins s’activent, on vire le filet à bord, les lièges et les plombs sont lovés, la toile rangée jusqu’à la poche, le poisson serré, et enfin puisé à l’aide d’une grande salabarde, cette espèce de haveneau qui s’ouvre par-dessous pour faire tomber le poisson directement dans les cuves. C’est depuis la coursive à tribord, où nous nous sommes laissé guider peu avant, qu’enivrés des effluves iodés, nous admirons les myriades de sardines dont les reflets argent scintillent dans la nuit.
Durant près de deux heures les opérations de salabardage se sont succédé jusqu’à atteindre le tonnage convenu avec les mareyeurs, puis le bateau fait route vers le port. Entre-temps (entretemps), le père de Camille nous raconte, non sans un certain vague à l’âme, cette époque où les quais de Concarneau s’animaient au retour des bateaux, et où les sardinières, dans le froid humide, triaient à grand-peine le fruit du labeur de la nuit, avant que la logorrhée des crieurs ne signifiât la fin des opérations et que chacun regagnât ses pénates bien chauffés.
Camille et moi nous promettons de nous revoir bien vite en nous quittant devant la criée, ce bâtiment que votre présence aujourd’hui fait revivre le temps d’une dictée, et qui attend maintenant une pêche miraculeuse de copies sans fautes !
Des tacauds, des lieus, des rhodophycées grenat, des coquillages fasciés, des xiphophores, des rotengles cramoisis, des guppys téléostéens, des piranhas cypriniformes, des ouananiches orangées, des môles nacrées et quatre-vingt-onze ichtyosaures érythrocéphales frétillaient dans la nasse.
Les gagnants de la Dictée maritime 2019 : Catherine Aubaile, Marie Coulomb & Yves Jannez. Ils se sont vus remettre par Jacques Campion, président de l'Association Livre & Mer, et Pascale Talandier, responsable de la Dictée maritime, trois ouvrages issus de la sélection du Prix du beau livre maritime / Ville de Concarneau 2019 : Le Monde perdu des phares de Jean Guichard & Vincent Guigueno (Éditions de La Martinière), Voyage dans les terres australes à bord du Marion Dufresne de Pierre-François Bonneau & Benoît Stichelbaut (Éditions E/P/A) et Allons voir la mer avec Doisneau d'Angelina Meslem (Éditions Glénat).
Bravo à eux & merci à tous les participants !
FESTIVAL LIVRE & MER • CONCARNEAU
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